20 décembre 2015

Coco Chanel (1)

Paru aux éditions Denoël en 2013, aux éditions J'ai Lu en mai 2015
Et un de plus. C'est le quatrième livre retraçant la vie de Gabrielle CHANEL que je lis.

L'auteur choisit de conter Chanel à travers les femmes de sa vie : sa tante Adrienne et "ses amies [sans qui] l'orpheline Gabrielle ne serait pas devenue Coco Chanel. Elles ont échangé leurs amants, leurs robes et leurs bijoux, leur science du glamour et leur goût. [  ] Elle les aimait et les détestait. Elles le lui rendaient bien."

Édition 11 mai 2009 - 1ère édition  chez Grasset en 1974
photo Sygma / Corbis - 1937

Paru aux éditions Flammarion en 2000, aux éditions J'ai Lu en mars 2004
photo Roger Shall - 1938
Trois portraits lus en une dizaine d'années, cela permet de se rafraichir régulièrement la mémoire.

Partie de rien, Gabrielle Chanel a construit un personnage, une légende. 

"Mars 1895. La route de Brive à Tulle grimpe en lacets... Elle est étroite, bien plus étroite qu'aujourd'hui. Quelques plaques de neige qu'un soleil d'hiver ne parvient pas à fondre parsèment les hauteurs voisines. Une carriole brinquebalante, bâchée d'une toile grise, monte péniblement la côte, traînée par une rosse et conduite par un bel homme d'une quarantaine d'années, noir de cheveux et de moustache, vêtu d'une blouse plissée. A ses côtés, se serrent trois fillettes au visage mince et triste, coiffées de fichus effrangés. 
Une heure plus tard, devant l'orphelinat d'Aubazine [Corrèze], l'ancienne abbaye autour de laquelle le bourg s'est blotti, la même voiture stationne, vide cette fois de ses passagères. Le cheval, attaché par un licol à l'un des platanes qui ornent la place, hennit et s'ébroue en attendant son maître.
Bientôt s'ouvre la lourde porte clouée du couvent, laissant sortir d'un pas dégagé le conducteur, à présent seul. On a l'impression qu'il sourit.
L'homme à la carriole, c'est Albert Chanel, marchand forain de son état. Les trois fillettes qu'il vient d'abandonner à l'orphelinat sont ses propres enfants. Parce que, quelques jours plus tôt, elles ont perdu leur mère, il s'en débarrasse. Et jamais plus elles ne le reverront....
Les gamines se prénomment Julia, treize ans, Gabrielle, douze ans et Antoinette, huit ans.
Gabrielle, c'est celle que, vingt ans plus tard, le monde entier baptisera Coco Chanel..."
(Prélude - Coco Chanel - HENRY GIDEL - p. 7/8)

 "La vie de Chanel abonde en contrastes.
Couturière, elle se garda de la futilité; chef d'entreprise, elle transgressa toutes les règles du jeu et n'éprouva aucune gêne à excéder ses droits; modéliste, elle ne trouva matière à satisfaction que de s'être laissé plagier. Tout se passait comme si cette femme, dont chaque trouvaille se muait en or et qui comptait parmi ses fidèles des milliardaires venant d'Amérique, d'Orient ou d'Asie, n'avait revendiqué pour seule victoire que celle d'avoir vu ses mots d'ordre repris par la rue et les petites gens.
Elle accumula une immense fortune [  ].
Elle su reconnaître le talent des artistes les plus notables et trouva parmi eux les seules amitiés dont elle s'honora. Cependant elle se rebellait lorsque l'on confondait son métier et le leur et détestait que l'on appliqua à son propos le mot génie. Elle se voulait artisan.
Elle paraissait invincible et la magie de son rayonnement, son extraordinaire séduction contribuèrent au succès de son entreprise. Mais au sein de cette réussite, elle vivait en exilée, ayant échoué dans ce à quoi elle tenait le plus : sa vie de femme. Et pourtant !... Pouvait-on être plus indépendante, plus libérée qu'elle ? [  ] L'égale des hommes dans sa vie professionnelle, souvent supérieure à eux, Gabrielle Chanel fut, face aux aspirations du cœur, la plus désarmée des femmes. Le pire étant que, si le vêtement fut au centre de toute son existence, la grande affaire en fut l'amour. Un domaine où elle ne connut que désillusion.
Formée, découverte, inventée par des hommes, elle travailla toute sa vie pour les femmes sans les aimer assez pour s'oublier en les parant. Chaque personne de son sexe paraissait à cet être de passion sous les traits d'une rivale en puissance [  ]
Chacune de ses collections était comme un retour solitaire, un long voyage inavoué dans les arcanes de son passé ... ce passé dont elle ne parlait jamais.
Car ce qui plus que tout retient dans sa vie n'est pas seulement le spectacle de sa réussite, ni même sa popularité, ni l'immense audience qui fut sienne, c'est l'énigme qu'elle sut être aux yeux de tous ceux qui l'ont approchée, c'est l'épuisant labeur auquel elle s'est astreinte pour masquer ses origines.
[  ] Elle a vécu possédée par sa légende"
(Extrait du Prologue - L'irrégulière - Edmonde CHARLES-ROUX - p. 16 à 18)

S'intéresser à la vie de Chanel, c'est bien sûr entrer dans le milieu de la 
Haute Couture. 

Mais c'est aussi approcher un monde qui n'est plus : la belle époque, les années folles.
C'est comprendre les grands chamboulements de la première moitié du 20ème siècle.
C'est croiser des cocottes, de grands noms des lettres, de la peinture, de la musique, mais aussi de l'aristocratie et de la politique.

  Coco Chanel a su s'imposer dans un monde et une époque où la femme était réduite à être une vitrine, un objet. Elle a utilisé tous les leviers en sa possession pour se faire LA PLACE qu'elle jugeait être la sienne.

"Personnage unique, attachant, attirant, repoussant, excessif  [ainsi parle d'elle Cocteau, qui] ne tarit pas d'éloges sur ses lubies, ses colères, ses outrances et sa générosité" (extrait de la 4ème de couverture de "Coco Chanel"- Henry Gidel), sa vie est un roman, digne d'une série TV . 
Tous les ingrédients y sont : amour, amants, amantes, trahison, beauté, argent, luxe.
Mais, "tout au long de sa vie, Chanel a combattu la vulgarité, celle du vêtement, mais surtout celle, plus importante, des manières, de l'esprit, du cœur, avec une pugnacité attentive"
(Extrait de "12 couturières qui ont changé l'Histoire" de Bertrand MEYER-STABLEY - p. 213)

Elle a marqué le monde de la haute Couture en créant le style Chanel fait de rigueur, de raffinement, de dépouillement, que l'on retrouve aujourd'hui chez Karl Lagerfeld, directeur artistique de la maison Chanel depuis 1983 .

Le quatrième livre que j'ai dans ma bibliothèque emprunte un autre chemin.
Editions Bleu autour - mai 2014 - photo 1937 de John Phillips
  Ce livre raconte l'enquête menée par Bernard Costa et Jean Lebrun de 1988 à 1990 "à la poursuite" de "l'insaisissable" Mademoiselle. Afin de "lever quelque chose de neuf dans un terrain qui avait déjà été labouré en tous sens, [les deux hommes sont allés] battre les haies, explorer les coins, débusquer les témoins qui ne parlent pas comme les livres." (extrait du prologue - p.9/10)

NOTE : Pour illustrer cet article, j'ai scanné les couvertures des quatre livres que je présente. 
Seul le dernier indique clairement la date et la source de la photo de la première de couverture. 
Les textes d'Edmonde charles-Roux et Henry Gidel indiquent seulement l'auteur ou l'agence. 
En bidouillant sur Internet, j'ai retrouvé les dates. 
La photo du livre de M-D Lelièvre porte la mention : 
DR ce qui signifie Droits réservés (on n'en connait pas la provenance).

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